Interventions « bavardes », amendements « fantômes », épidémie de « questionnite aiguë », technique de « la moule à rocher » dans l’hémicycle: un rapport jeudi du site Projet Arcadie détaille les méthodes de députés pour « gonfler » leurs statistiques de présence et donner « l’illusion du travail accompli ».

Cette base de données internet sur les parlementaires pointe les classements, dans la presse, de l’assiduité des élus qui ne reflètent pas leur activité « réelle » puisqu’une partie de celle-ci, exercée en dehors de l’hémicycle, (travail en circonscription, groupes d’études…) est « inquantifiable ».

Ces classements, comme ceux réalisés à partir des données du collectif Regards citoyens sur « nosdeputes.fr », se basent « majoritairement » sur les comptes-rendus de séance et le nombre d’amendements. Conséquence: ils sont « une prime au bavardage » et ont fait « de gros dégâts » sur « le comportement général » des députés, explique Projet Arcadie qui a épluché des données en ligne et interrogé plus d’une centaine d’élus.

A l’occasion de la publication d’un classement en décembre 2017 dans le magazine Capital, des députés « disciplinés » mais discrets, s’étaient vus « taxés d’absentéisme » et ont répliqué en adoptant des attitudes « peu vertueuses ».

« On a pu assister à des multiplications d’interventions bavardes en séance, à une augmentation exponentielle du nombre d’inscrits (pour des prises de parole) sur des articles, à des rappels au règlement et demandes de suspension de séance », note Projet Arcadie.

Certaines astuces consistent à déposer des amendements « fantômes », que personne ne défend. « Sur les 80.840 amendements déposés (depuis le début de la législature) et recensés au 21 mars 2019 (…) 15% sont indiqués comme non-renseignés et 18% ne sont pas soutenus » en commission ou dans l’hémicycle, détaille Projet Arcadie. Demander un rapport ou la suppression d’un article est un autre moyen d’accroître sa productivité « facilement ».

Certains députés, atteints de « questionnite aiguë », multiplient les questions écrites au gouvernement sur des sujets précis.

Une autre technique, « la moule à rocher », consiste à se rapprocher des micros dans l’hémicycle « afin d’être entendu et enregistré », lorsque l’on critique l’intervention d’un collègue.

Pour contrer ces pratiques, Projet Arcadie préconise « des efforts de communication » de l’Assemblée, notant qu’une part du travail parlementaire (groupes d’études, missions d’information…) « manque de publicité ». Et « les députés ont aussi un rôle à jouer dans ce combat » pour mettre en valeur leur travail. Des réflexions sont menées par l’institution.