Le régime présidentiel en fait rêver certains en France. Pourtant, ce régime est sujet à des crises répétitives. La cohabitation est autrement plus douloureuse qu’en France. A défaut de faire avancer les politiques publiques, elle conduit à des compromis minimum. Telle est la situation aujourd’hui en attendant la prochaine étape qui s’annonce plus rigoureuse pour B. Obama.

À deux jours d’une échéance décisive, les négociateurs démocrates et républicains du Congrès américain ont scellé mardi soir un accord pour financer l’État fédéral jusqu’en octobre 2015, et éviter une fermeture des administrations fédérales jeudi soir. Le Congrès votera (adoptera) une loi de finances générale d’un montant de 1014 milliards de dollars pour l’exercice budgétaire 2015 (octobre 2014-septembre 2015). La Chambre des représentants des Etats-Unis a donc adopté hier soir de justesse la loi de finances 2015, moins de trois heures avant la date-butoir, écartant ainsi tout risque de paralysie fédérale. Le Sénat devrait définitivement adopter le texte d’ici samedi, a annoncé le chef de majorité démocrate du Sénat, Harry Reid. Entre temps, une extension technique de deux jours a été adoptée jeudi soir pour éviter une fermeture des administrations fédérales à minuit, heure à laquelle la loi de finances actuelle devait expirer. Finalement , après une journée de suspense au Congrès, les représentants ont adopté la loi par 219 voix contre 206, surmontant l’opposition de nombreux démocrates et républicains. Le président Barack Obama a indiqué qu’il promulguerait la mesure, malgré l’opposition de nombreux élus de son parti. Les démocrates protestaient contre l’inclusion à la dernière minute de deux mesures très controversées dans le texte. L’une affaiblit une réglementation imposée aux banques dans le cadre de la réforme financière Dodd-Frank en 2010, concernant certains produits dérivés. L’autre augmente le plafond par cycle électoral des dons individuels aux partis politiques de façon substantielle, le multipliant par 10.

L’urgence était là car l’État fédéral n’est actuellement financé que jusqu’au jeudi 11 décembre. En octobre 2013, faute d’avoir adopté une loi de finances à temps, le Congrès avait déclenché une paralysie gouvernementale de 16 jours.

La défense reçoit 554 milliards de dollars, dont 64 milliards pour les opérations extérieures, ce qui inclut les 5 milliards de dollars demandés par le président Barack Obama pour financer la guerre contre l’organisation État islamique. Dans cette enveloppe d’urgence, 1,6 milliard seront consacrés à l’entraînement et l’équipement des forces irakiennes et kurdes. Le plan d’entraînement et d’équipement des rebelles syriens modérés est financé à hauteur de 500 millions de dollars, alors que la Chambre avait initialement rechigné à dégager des crédits spécifiques pour ce plan.

Le Congrès n’a en revanche pas financé totalement la demande de Barack Obama pour lutter contre l’épidémie du virus Ebola, aux États-Unis et à l’étranger. La somme fixée, 5,4 milliards de dollars, est inférieure de 800 millions de dollars à ce que la Maison-Blanche avait requis. Surtout, en représailles contre le plan de régularisations provisoires de sans-papiers annoncé par Barack Obama le 20 novembre, le Congrès ne financera le département de la Sécurité intérieure, dont dépendent les services d’immigration, que jusqu’au 27 février 2015. A cette date-là, les républicains disposeront de la majorité dans les deux Chambres du Congrès, et ils ont l’intention d’adopter une loi de finances restreignant les décrets de régularisations du président, dont ils contestent la légalité. Enfin, le Congrès a déçu les amateurs de cannabis. Un article empêche la ville de Washington de légaliser le cannabis, malgré l’approbation par référendum en novembre. Le Congrès dispose en effet d’un pouvoir de veto budgétaire sur les affaires de la capitale fédérale.